Dans la série Big Data et contrôle de la population, voilà le petit nouveau ! Après la reconnaissance faciale et les détecteurs de mensonge dans les aéroports, la Chine passe un nouveau cap : le test grandeur nature. Plus moyen donc de lâcher un pet dans le métro griller un stop sans risquer d’être repéré. En clair : Big Brother à Hangzhou, c’est fait !
C’est quoi Big Brother ?
Pour répondre à ça il y a deux écoles : Ceux qui citeront Orwell et ce chef d’oeuvre dystopique qu’est 1984. Il y dépeint une société futuriste, régie par un dictateur fictif qui asservit sa population en contrôlant chaque fait et geste à travers des caméras. Sinon, c’est aussi une télé-réalité qui a enfanté le Loft au début des années 2000. Les millenials auront compris le concept. Dans les deux cas même constat : ce qui semblait être pure fiction il fût un temps est en train de se réaliser.

Dans quel but font-ils ça ?
On connaît le penchant de la Chine pour les expériences sociales et les nouvelles technologies. Hangzhou est donc le terrain de jeu de l’Etat pour son nouveau projet : le crédit social. Pour les fans de Black Mirror, quelques souvenirs vont bientôt resurgir. En gros, tout ce système de reconnaissance faciale et comportementale sert à accorder ou retirer des « points » à chaque individu en fonction de son comportement en société.
Fini de jeter votre mégot dans un buisson (et tant mieux !), de laisser Kiki faire caca sur le trottoir sans ramasser (tant mieux aussi d’ailleurs) ou de se faire un café basket parce que le serveur n’a pas dit bonjour. Vu le réseau de vidéosurveillance déployé dans la ville, chacun de vos actes est enregistré et votre note sociale en prendra un sacré coup. Ah et pour ne rien oublier : si vous voulez éviter une amende en faisant le mort dans votre coin, c’est foutu aussi. La délation est grandement recommandée par l’Etat car elle vous permet d’augmenter votre crédit social. Les autres moyens de parfaire votre note ? Tout ce qui fait de vous un citoyen « modèle ».

C’eSt Un BlOg VoYaGe PoUrQuOi VoUs RaCoNtEz Ça ?
On voit venir les critiques donc on prend les devants. Pour les citoyens chinois à la note sociale trop basse, certains transports sont interdits ! À l’issue de la première phase de cette expérience sociale, près de 23000 personnes ont été bannies des gares et aéroports. Autant on est d’accord pour dire que le civisme est important, mais le moyen d’y arriver nous paraît un poil extrême. Quoique, en tant que français, ça nous ferait parfois pas de mal d’apprendre les bonnes manières avant d’aller entacher notre réputation enseigner le French Kiss au Monde entier…
Pourquoi ça nous inquiète ?
Déjà parce que le concept est franchement chelou. Si la Chine étend son expérience à l’ensemble du pays, ça nous donne 1.5 milliards de personnes privées de liberté. 1.5 milliards ne disposant d’aucune donnée personnelle privée et marchant au pas de leur gouvernement… Ce qui a de quoi nous faire froid dans le dos. En plus, si ton score est trop faible, tes potes te lâcheront pour préserver le leur et ça craint un peu. Si tous les Etats pètent un câble et optent pour ce système, 1984 sera vu comme une prophétie et, pour ceux que ça intéresse, vous aurez gagné votre ticket pour être la star de votre propre télé-réalité. Pas sûr qu’on ait envie d’assister à ça.

Nos tips pour un voyage sans encombre
Bien sur, même si le dispositif concerne les citoyens chinois, ça ne veut pas dire que vous ne risquez rien. Pas de note sociale en jeu pour les explorateurs de l’Empire Céleste. En revanche, les 176 millions de caméras sont toujours là. Pour ne prendre aucun risque, on vous conseille quand même 2-3 trucs. À savoir, aider mamie à traverser la rue, mais aussi être polis et respectueux envers les locaux. Enfin, ne demandez pas de fourchette pour manger vos nouilles. En suivant ça à la lettre, tout devrait bien se passer !
Distillateur de punchlines de qualité depuis plus de 20 ans, inspirées par la verve de Zola et la rime de Booba. Je recommande la formule pour briller en société, que vous traîniez avec des bobos du 11ème ou André de L’amour est dans le pré (Big up Dédé).